Des pneus à base de pissenlits ?

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Des pneus à base de pissenlit ? 

Lors de la première semaine de juin 2019, le prix du caoutchouc naturel s’est envolé et a dépassé au kilo la barre symbolique des 200 yens sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom). Cette hausse des prix est à reliée à différents facteurs, notamment une demande grimpante pour du caoutchouc naturel  que l’offre a du mal à contenir. Certains pays, gros exportateurs de caoutchouc naturel, comme la Thaïlande, ont en effet mis en application de nouvelles politiques gouvernementales qui limitent les exportations de cette matière sur le marché mondial. Même si les taux d’exportation de certains pays se sont améliorés (c’est le cas notamment de la Côte d’Ivoire), même si certains pays comme le Libéria mettent en place des initiatives pour soutenir la production de caoutchouc naturel, les volumes demandés sur le marché (notamment européen et américain) restent pharaoniques.

Le caoutchouc naturel c’est une matière biologique, d’origine végétale, obtenue par la transformation du latex secrété par certains végétaux et en particulier l’hévéa. Ce caoutchouc naturel est un métabolite secondaire produit par la plante, sous forme d’un polymère. D’un point de vue chimique, le caoutchouc naturel est un polyisoprène. C’est un matériau élastomère qui est utilisé pour une application phare: les pneumatiques. Qu’ils soient de voiture, de vélo, d’avion, ou même de trottinettes, les pneus de notre quotidien contiennent tous du caoutchouc naturel provenant de l’hévéa. Nos modes de consommation actuels, incluant l’augmentation de nos demandes en transport, impliquent donc d’avoir un approvisionnement certain en cette matière première.

Au début du 20ème siècle, un chimiste dénommé Hofmann (travaillant pour Bayer AG) déposa un brevet pour la production de caoutchouc de synthèse qui est aussi un polymère composé de la polymérisation d’unités de type butadiène. Les plus gros producteurs de caoutchouc de synthèse sont la Chine et l’Union européenne. Cette alternative purement « de synthèse » est également incorporée dans les pneumatiques. Ses performances sont différentes de celles du caoutchouc naturel, raison pour laquelle ces deux types de caoutchouc sont souvent utilisés en combinaison.

Selon: Graphiques remis en forme selon les données de http://siph.wipiv.com/activite-caoutchouc-naturel 

Le caoutchouc naturel est donc une matière première importante pour le secteur industriel et des transports. Néanmoins, son prix est fluctuant. Qui plus est, certains pointent du doigt l’impact environnemental assez problématique de l’exploitation de l’hévéa.

Les chercheurs ont donc réfléchi à une alternative. En particulier, chez Continental. Ce groupe a mis en avant que le pissenlit (Taraxagum), produit plus localement, pouvait être une alternative à l’hévéa. Cette plante, assez commune, possède elle aussi la particularité de secréter un latex. Au terme de plusieurs années de recherche, le groupe Continental a ainsi dévoilé fin mai 2019 son premier pneu de vélo à base de caoutchouc de pissenlit.

Et oui, vous ne le saviez peut être pas, mais vos pneus contiennent depuis toujours un matière végétale. Entre hévéa et pissenlit, la transition se met en place.

Plus d’informations: a.richel@uliege.be

Ou via les liens suivants:

http://www.commodafrica.com/07-06-2019-la-chronique-matieres-premieres-agricoles-au-6-juin-2019

http://www.pneumatique-lesite.fr/produits/deux-roues/item/2036-continental-devoile-son-premier-pneu-a-base-de-pissenlit

https://www.continental-pneus.fr/poids-lourd/savoir-faire/economie-circulaire/taraxagum/mrs–dandelion

https://www.halcyonagri.com/natural-rubber-structure-and-function/

 

 

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